Le président russe Vladimir Poutine s'est affronté jeudi à lui-même, ou en tout cas à son double virtuel généré grâce à la technologie des deepfakes , lors de sa grande séance télévisée de questions et réponses avec les citoyens.
Un étudiant de Saint-Pétersbourg, qui l'interrogeait sur l'essor de l'intelligence artificielle, est apparu sur l'image avec les traits et la voix de Poutine grâce à une astuce numérique.
Il a également demandé s'il était vrai que le président russe avait "de nombreux doubles", déclenchant les rires lors de la conférence de presse.
L'étudiant, qui n'a pas révélé sa véritable identité, a évoqué des rumeurs récurrentes, déjà démenties par le Kremlin, selon lesquelles Poutine serait malade et aurait recours à des sosie pour certaines apparitions publiques.
"Je vois que vous pouvez me ressembler et parler avec ma voix", a répondu Vladimir Poutine, visiblement déconcerté, à son double virtuel.
" Mais j'y ai réfléchi et j'ai décidé qu'une seule personne devrait me ressembler et parler avec ma voix. Et cette personne serait moi", a déclaré le président. Et il a ajouté : "Au fait, c'est mon premier doublé."
Des rumeurs continues sur l'état de santé de Vladimir Poutine et son éventuel recours à des doubles existent depuis des années, alimentées par la rareté de ses apparitions publiques pendant la pandémie de covid-19.
Le Kremlin affirme régulièrement que tout est faux et que le président n'est pas malade.
Les photos et vidéos « deepfakes » sont des montages perfectionnés grâce à l’intelligence artificielle et de plus en plus crédibles, qui montrent généralement des célébrités ou des dirigeants, et représentent un défi dans la lutte contre la désinformation.
Prise en charge de l'intelligence artificielle
En revanche, après l'intervention de ce « double » lors de la séance de questions, Poutine a défendu le développement de l'intelligence artificielle mais a aussi mis en garde contre ses risques.
« Faut-il avoir peur de l'intelligence artificielle ? Il est impossible d'empêcher le développement de l'intelligence artificielle, y compris du surintellect qui commence à ressentir, à distinguer les odeurs, à acquérir des capacités cognitives et à se développer », a-t-il souligné.
Par conséquent, a-t-il déclaré, « il est nécessaire d’anticiper » cette nouvelle technologie. "En tout cas, nous devons faire tout notre possible pour être parmi les leaders dans cette direction" , a-t-il ajouté.
Dans le même temps, Poutine a admis qu’on pouvait parler de limites et d’auto-limitations possibles dans le développement de l’intelligence artificielle. "Il est possible et nécessaire de parler de la nécessité de parvenir d'une manière ou d'une autre à un accord entre les dirigeants afin de ne pas créer des conditions qui pourraient générer une sorte de danger pour l'humanité" , a-t-il déclaré.
Il a rappelé qu'à son époque, lorsque l'énergie nucléaire est devenue une bombe atomique , il s'est rendu compte que les menaces contre ceux qui la possédaient s'étaient accrues et des négociations ont commencé. "Cela arrivera sûrement avec l'intelligence artificielle", a conclu le chef du Kremlin.
(Avec informations de l'AFP, EFE et Europa Press)