
Les images générées par l’IA atteignent un niveau de réalisme sans précédent, étant presque impossibles à distinguer des photographies authentiques. Les experts soutiennent que la distinction entre les visages créés artificiellement et les visages réels est désormais plus difficile, en raison de préjugés humains et des algorithmes eux-mêmes.
Une étude récente publiée dans la revue Psychological Science révèle que les individus sont plus susceptibles de confondre les visages blancs générés par l'intelligence artificielle (IA) avec de vrais visages, plutôt que d'identifier de vraies photographies de personnes blanches. Ce phénomène met en évidence une difficulté spécifique à discerner entre les images authentiques et celles créées par une technologie avancée.
Dans le cadre d'une collaboration internationale de chercheurs d'universités d' Australie , des Pays-Bas et du Royaume-Uni , une expérience a été conçue impliquant 124 adultes blancs. Ils avaient pour tâche d'identifier si une série de visages étaient réels ou artificiels, puis devaient attribuer un score à leur niveau de certitude concernant chaque choix, à l'aide d'une échelle de 100 points.
Les organisateurs de l'étude ont choisi de montrer aux participants des images de visages caucasiens pour limiter l'effet du « biais de reconnaissance de leur propre race », qui décrit la tendance des individus de certains groupes ethniques et culturels à se souvenir avec précision des visages des personnes appartenant à certains groupes ethniques et culturels. d’autres groupes démographiques sont moins efficaces.

"Étonnamment, les visages blancs de l'IA peuvent passer de manière convaincante pour plus réels que les visages humains, et les gens ne se rendent pas compte qu'ils sont dupés", expliquent les chercheurs dans leur article.
Les participants ont classé à tort 66 % des images de l’IA comme étant des humains photographiés, contre seulement la moitié des photos réelles. Pendant ce temps, la capacité des mêmes participants blancs à discerner entre les personnes de couleur réelles et artificielles était d'environ 50-50.
Dans une deuxième expérience, 610 participants ont évalué les mêmes images en utilisant 14 attributs qui contribuaient à les faire paraître humaines, sans savoir que certaines photos étaient fausses. Parmi ces attributs, la proportionnalité du visage, la familiarité, la mémorisation et la perception des yeux réalistes ont été classées en tête des sujets testés.
L’équipe a surnommé cette tendance nouvellement identifiée consistant à attribuer de manière excessive et erronée les visages générés artificiellement (en particulier les visages blancs) comme « l’hyperréalisme de l’IA ».
Les écarts statistiques importants observés sont attribués à des biais algorithmiques connus qui surviennent dans le développement de l’intelligence artificielle. Les systèmes d’IA sont généralement formés avec un nombre plus élevé de sujets blancs que de personnes de couleur (POC).

Cette pratique se traduit par une plus grande efficacité de l'IA dans la création de visages blancs crédibles, ainsi que par sa capacité à les reconnaître avec précision grâce à des techniques de reconnaissance faciale.
Cette disparité a des implications qui peuvent s’étendre à de multiples domaines, notamment aux situations scientifiques, sociales et psychologiques. Les effets pourraient se manifester dans divers scénarios allant de l’usurpation d’identité à la reconnaissance faciale, sans oublier les préoccupations fondamentales liées à la vie privée.
"Nos résultats expliquent pourquoi l'hyperréalisme de l'IA se produit et montrent que tous les visages de l'IA ne semblent pas également réalistes, avec des implications pour la prolifération des préjugés sociaux et une mauvaise identification de l'IA par le public", a écrit l'équipe dans son article.
Il est important de mentionner que l’échantillon utilisé dans la récente étude était petit et assez restreint en termes de diversité, ce qui souligne la nécessité de recherches plus larges pour bien comprendre l’impact et l’ampleur de ces biais.
Malgré ces limites, la réalité demeure : on ignore encore beaucoup de choses quant aux conséquences que l’hyperréalisme de l’intelligence artificielle pourrait avoir sur les populations et sur le jugement quotidien.