Le Forum économique mondial (WEF) prédit que près d’un quart des emplois dans le monde vont changer au cours des cinq prochaines années, en partie grâce à l’IA. Et les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) vont encore plus loin, avec 60 % des emplois dans les économies avancées exposés à la technologie. Même si cela ne semble pas grand-chose sur le papier, cela se traduit par des milliards de vies affectées, et les entreprises technologiques le savent.
C'est pourquoi, à partir d'aujourd'hui, neuf des plus grandes entreprises technologiques du monde unissent leurs forces pour répondre à l'impact de l'IA sur la main-d'œuvre technologique par le biais d'un nouveau consortium : le AI-Enabled Information and Communication Technology (ICT).
Le groupe, dirigé par Cisco et rejoint par Accenture, Eightfold, Google, IBM, Indeed, Intel, Microsoft et SAP, espère prendre de l'avance sur la vague de l'IA en croissance et en évolution rapide en recommandant des opportunités de formation et de perfectionnement des qualifications pour garantir que les travailleurs puissent adapter.
De nombreuses entreprises ont déjà des objectifs de formation, s'élevant à plus de 95 millions de personnes dans les 10 prochaines années, y compris des engagements d'Intel et d'IBM spécifiquement liés à l'IA. Mais, comme l'admet Francine Katsoudas, directrice des ressources humaines, des politiques et des objectifs de Cisco, toutes les possibilités peuvent être insurmontables pour les étudiants . Cela a en partie contribué à faire prendre conscience aux entreprises qu’elles ne peuvent pas, à elles seules, faire face à l’impact de l’IA sur la main-d’œuvre.
"Ce qui est unique à propos de ce moment, c'est que je pense que c'est vraiment la façon dont l'IA d'un point de vue technologique se rassemble", a déclaré Katsoudas à Fortune. "Et je pense que pour nous tous, nous comprenons que pour ceux qui ne sont peut-être pas connectés, pour ceux qui ont été touchés par la fracture numérique, il y a un risque ici si nous n'avançons pas un peu plus vite."
Le consortium compte également six conseillers, dont la Fédération américaine du travail et le Congrès des organisations industrielles (AFL-CIO) et la Khan Academy.
Des perturbations généralisées : des chauffeurs de camion aux ingénieurs informaticiens
La formation du consortium a été inspirée par des conversations facilitées au sein du groupe de travail Talent for Growth du Conseil américain-européen du commerce et de la technologie, qui comprenait le PDG de Cisco, Chuck Robbins. Dans une déclaration à Fortune, la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo, a déclaré que son département se concentrait sur la création d'emplois de haute qualité et bien rémunérés pour l'avenir , ce que le consortium ne fera que soutenir.
« Je suis reconnaissant aux membres du consortium de s'être joints à cet effort pour répondre aux nouveaux besoins en main-d'œuvre qui émergent du développement rapide de l'IA. Ce travail contribuera à fournir un aperçu sans précédent des besoins en compétences spécifiques pour ces emplois . J'espère que ce consortium n'est qu'un début et que le secteur privé y verra un appel à l'action pour garantir que notre main-d'œuvre puisse bénéficier des avantages de l'IA », déclare Raimondo. Collectivement, les neuf sociétés du consortium emploient plus de 1,75 million de personnes et génèrent un chiffre d'affaires annuel de plus de 805 milliards de dollars, selon les données du Fortune 500.
« Nous disposons de cette nouvelle technologie passionnante que les entreprises du monde entier s'efforcent de comprendre comment utiliser », déclare Hannah Calhoon, responsable de l'innovation en IA chez Indeed. « Et nous savons que cela aura probablement un impact particulier sur le travail quotidien des personnes travaillant dans les domaines technologiques . »
La première phase de travail du consortium se concentrera sur l'évaluation de l'impact de l'IA sur des dizaines d'emplois dans les technologies de l'information et des communications, et fournira des idées de formation concrètes aux chefs d'entreprise et aux travailleurs.
« Nous reconnaissons que nous devons créer des voies pour nos collaborateurs. Et je pense que plus nous pouvons tirer parti de l’IA de cette manière, plus cela aura un impact sur les cheminements de carrière », explique Katsoudas à Fortune.
Près d'un emploi sur cinq (19,8 %) sur Indeed est considéré comme « hautement » exposé à l'IA générative, ce qui signifie que la technologie est considérée comme bonne ou excellente pour exécuter au moins 80 % des compétences de cet emploi.
En travaillant directement avec les entreprises, Indeed espère comprendre quels emplois les employeurs cherchent à pourvoir et quelles compétences sont nécessaires pour l'avenir , afin de mieux aider les demandeurs d'emploi à trouver le bon poste, explique Calhoon.
Il ajoute que l’on s’attend beaucoup plus à ce que les perturbations causées par l’IA se produisent dans des domaines plus spécialisés. "Il semble que chaque travail sera perturbé d'une manière ou d'une autre, du chauffeur de camion à l'ingénieur logiciel", explique Calhoon.
Un avenir plein de compétences
Selon le WEF, plus de la moitié (58 %) des travailleurs estiment que les compétences requises par leur emploi changeront considérablement au cours des cinq prochaines années.
Bien que Calhoon affirme qu'il existe de nombreuses voies pour améliorer ses compétences en matière d'IA, un grand nombre de cours se concentrent aujourd'hui sur des sujets généraux tels que l'apprentissage automatique ou les grands modèles de langage. Alternativement, il serait utile de multiplier les cours sur des fonctions spécifiques, comme l’IA pour les commerciaux ou le personnel de santé, qui seraient davantage axés sur l’utilisation pratique.
« La grande majorité d'entre nous vont plutôt se demander : « Comment puis-je exploiter efficacement les outils d'IA que quelqu'un a créés dans mon travail quotidien ? » », déclare Calhoon.
Selon Katsoudas, pour que les équipes restent à l'avant-garde, une formation et un perfectionnement constants seront importants pour ceux qui travaillent dans le secteur technologique.
« Nous avons constaté que les talents s'inquiètent de leur avenir et ce que cela signifie pour un employé de chacune de nos entreprises, c'est que nous allons être en mesure de fournir plus de structure, plus d'orientation et de soutien pour vraiment nous aider tous à naviguer dans certaines des situations difficiles. les changements à venir », dit-il.