
La grève qui paralyse Hollywood depuis juillet 2023 pourrait avoir un effet sur l’industrie du jeu vidéo. La Screen Actors Guild-American Federation of Television and Radio Artists (SAG-AFTRA), qui exerce une influence dans davantage de secteurs du divertissement, a attiré l'attention sur ce qui se passe dans le secteur des jeux vidéo, menaçant de déclencher une grève qui pourrait avoir un impact sur le développement et la sortie des jeux.
La situation tourne autour du renouvellement du contrat entre le syndicat et plusieurs sociétés américaines de jeux vidéo, dont Activision, Electronic Arts, Epic Games, Insomniac Games, Take-2 Interactive et Warner Bros. Games. Ce contrat a expiré en novembre 2022, et les revendications soulevées par les acteurs n'ont pas été bien accueillies par les entreprises.
Quelles implications la grève aurait-elle sur les jeux vidéo ?
La grève des acteurs à Hollywood a entraîné un gel de la production de films et d'émissions de télévision. Dans le secteur du jeu vidéo, l'arrêt des activités concernerait principalement les comédiens de voix et de doublage.
Actuellement, les jeux vidéo comportent non seulement une partie du logiciel techniquement développée, mais également des éléments narratifs qui nécessitent que les acteurs interprètent les voix des personnages et, dans certains cas, capturent les mouvements du visage et du corps pour construire leur animation. Devenir un élément fondamental du développement.

Pour cette raison, la présidente de la SAG-AFTRA, Fran Drescher, a exprimé son inquiétude quant à l'impact potentiel de l'intelligence artificielle sur ces travaux dans le domaine des jeux vidéo. Le contenu généré pourrait cloner des voix et créer des lignes de dialogue sans avoir recours à des humains, ce qui menacerait de réduire les opportunités d'emploi pour ces professionnels.
Quelles sont les demandes des acteurs ?
Le syndicat des acteurs défend un certain nombre de revendications clés dans ses négociations avec les sociétés de jeux vidéo. L’un des faits saillants est une augmentation salariale rétroactive de 11 %.
De plus, ils demandent la présence de médecins sur le plateau pour filmer les performances dangereuses, ainsi que des protections contre l’utilisation de l’intelligence artificielle générative pour remplacer les acteurs.
Cependant, les sociétés de jeux vidéo n'ont pas accepté ces revendications, ce qui a conduit le syndicat à appeler à un vote pour une éventuelle grève avant le 25 septembre. Mais cela ne veut pas dire que les entreprises ne sont pas disposées à négocier, ce qui ne s'est pas produit jusqu'à présent dans l'industrie cinématographique, où les conversations ont été plus compliquées.
Selon Audrey Cooling, représentante de l'industrie du jeu vidéo auprès de la SAG-AFTRA, ils « négocient de bonne foi » et espèrent parvenir à un accord mutuellement avantageux dans les plus brefs délais.

Si les demandes ne sont pas résolues et que des accords sont conclus, le secteur des joueurs pourrait commencer à avoir des complications dans la production et le lancement de jeux, en particulier ceux qui nécessitent des captures d'images et de voix pour développer les personnages.
Contrairement au cinéma ou à la télévision, le développement d’un jeu peut prendre plus de trois ou quatre ans, ce qui rend le délai plus complexe, car le développement ralentit et les équipes restent stagnantes.
Les acteurs en grève craignent d’être remplacés par l’IA
SAG-AFTRA craint que la proposition des studios hollywoodiens selon laquelle les acteurs consentent à l'utilisation de leurs répliques numériques au moment de leur « embauche initiale » puisse conduire à une numérisation des intonations de la voix, des visages et des mouvements corporels de leurs membres, et qu'ils soient utilisés dans différents contextes sans compensation supplémentaire.
Duncan Crabtree-Ireland, négociateur en chef du syndicat, a déclaré qu'il serait impossible pour les acteurs de donner leur consentement éclairé sans savoir comment leurs répliques numériques seraient utilisées dans un univers cinématographique ou, dans certains cas, dans des projets futurs inconnus.
Dans une explication publiée sur son site Internet, le syndicat affirme que ses contre-propositions incluent des garanties de "consentement éclairé et d'une juste compensation lorsqu'une 'réplique numérique' est réalisée ou que nos performances sont modifiées à l'aide de l'intelligence artificielle".